jeudi 12 février 2009

La molécule qui sauve les bovins tue les abeilles en Ariège.

Une intoxication à la Perméthrine, à des doses justifiant la mortalité des colonies ».
C'est un cri d'alarme qu'ont lancé, hier matin, les apiculteurs professionnels d'Ariège, réunis à la mairie de Serres-Sur-Arget. « Depuis décembre 2008, nous constatons des mortalités importantes de colonies d'abeilles dans des s secteurs différents, mais tous situés en zone d'élevage. En ce moment, les abeilles rescapées sont si peu nombreuses dans les ruches qu'elles n'arrivent pas à y maintenir la température nécessaire : les survivantes meurent de froid. Leur peloton, autour de la reine, est à peine gros comme une mandarine. Ailleurs, provision et couvain ont été abandonnés. Là, il n'y a plus que des cadavres d'abeilles. Des colonies entières ont, ici, été retrouvées vides. Selon les endroits, 50 à 80 % des ruchers sont perdus ». C'est ce qu'ont déclaré, hier, Bertrand Théry, l'apiculteur de Serres, membre de la commission nationale apiculture, rejoint par d'autres professionnels et des éleveurs de la Confédération paysanne 09. Sur les 30 apiculteurs professionnels de l'Ariège, 25 sont touchés par cette mortalité particulière.
Dès la fin de l'été, les apiculteurs avaient constaté une mortalité inhabituelle dans des zones de montagne sauvage, jusqu'ici épargnées. Le phénomène est allé en s'aggravant, pour culminer en décembre.
Intoxication à la perméthrine
« Après s'être interrogé sur nos pratiques apicoles, le fait que l'hécatombe se situe à proximité des zones d'élevage, nous a fait envisager que les désinfectants utilisés dans la lutte contre la propagation du moucheron qui transporte le virus de la fièvre catarrhale pouvaient être en cause, ont expliqué les apiculteurs. Nous avons alors effectué des prélèvements d'abeilles fraîchement mortes pour les envoyer au laboratoire d'analyses du CNRS, à Solaize. La conclusion est sans appel : intoxication à la perméthrine à des doses justifiant la mortalité des colonies ». On retrouve cette molécule dans les produits pulvérisés sur les étables et leurs abords, dans les véhicules de transport ; ce fut l'un des moyens de prophylaxie dans la lutte contre la FCO.
L'alerte ariégeoise dans le monde apicole régional et national, a fait remonter le problème. Actuellement, en France, concernée sur tout son territoire par la maladie de « la langue bleue », on constate des mortalités hivernales importantes d'abeilles. C'est le cas dans l'Aude, l'Aveyron, les Hautes-Pyrénées, les Pyrénées-Orientales… mais aussi dans le Nord.
« Nous souhaitons que cesse la désinfectation et que l'on s'intéresse au renforcement des défenses immunitaires des troupeaux, ont dit apiculteurs et éleveurs présents à Serres. On a, jusqu'ici privilégié le souci économique non le souci sanitaire ».
Présent, le Directeur départemental des services vétérinaires, M. Jabert a annoncé qu'une mission d'évaluation composée de deux enquêteurs de la Brigade nationale d'Enquête vétérinaire et phytosanitaire (BNEVP) arrivait en Ariège, pour deux semaines. Objectif : effectuer la corrélation entre la mortalité observée et les pratiques de désinsectisation qui ont été mises en œuvre.
Qu'en est-il en Rhône alpes ?
D'après le site du GDS (Groupement de défense sanitaire), l'utilisation d'insecticide de la famile des pyrèthrinoides est autorisée, dans des conditions règlementairement encadrées, en application directe sur le dos de l'animal (bovins et ovins), pour la désinsectisation des bétaillères et des locaux d'èlevage.
  • Ce que disent les textes :
La désinsectisation des animaux est obligatoire dans les Périmètres interdits. Elle fait partie, dans certains cas, des conditions pour sortir des zones réglementées ou pour les traverser.
Les pyrèthrinoïdes sont recommandés par les services officiels.
Insecticides à base de pyréthrinoïdes pouvant être utilisés dans le cadre de la réglementation FCO :
Ectotrine pour on (pour on = application dur dos de l'animal)
Acadrex 60
Bayofly pour on
Versatrine pour on
Butox 7,5 pour on
Butox 50 p. mille.
La désinsectisation des bâtiments est obligatoire lorsqu'il y a des cas cliniques de fièvre catarrhale. Outre la lutte contre les moucherons pîqueurs (les culicoïdes), elle réduit la présence des autres insectes qui peuvent être attirés par les plaies et les animaux affaiblis par la maladie..
La désinsectisation des bétaillières et des autres moyens de transport d'animaux est obligatoire avant le départ pour tout véhicule :- sortant d'une zone réglementée pour aller en zone indemne ou dans une autre zone réglementée- transitant à travers une zone réglementée en venant d'une zone indemne ou d'une autre zone réglementée - transitant à travers une zone indemne en venant d'une zone réglementée.
La liste des produits homologués pour ces deux derniers usages est consultable sur le lien suivant : e-phy.

Aucun commentaire: